"Par içi" [Invités du rassemblement suspicieux]

Données enregistrées dans un coin de ma tête. Pas de sensation de cœur fantôme, mais bien évidemment il y avait quelques séquelles. D'autres questions se bousculaient à la commissure de mes lèvres, mais j'allais devoir attendre avant de satisfaire ma curiosité scientifique. J'espérais tout de même que j'allais avoir assez de réponses pour ne pas avoir besoin de faire des analyses plus poussées, comme une autopsie... Non pas que je ne voulais pas me salir, je voulais juste passer un bon moment. Difficile à imaginer pour une Noah, non ? ... Et depuis quand je me considérais comme étant une Noah à part entière ? Le Noah c'était l'Autre, pas moi ! Un faible tremblement agita un court instant ma main libre. Je la plaquai contre ma jambe, le temps que cela passe.

" - Je suis le Savoir. Je ne fais pas parti des douze Noah principaux et donc mon rôle au sein de la "famille" - je mimais les guillemets avec mes doigts - est assez restreint. Et puis le Savoir est assez lourd à porter... "

Mon visage s'assombrit un instant alors que je repensais brièvement à certains de mes dérapages, de mes pertes de contrôles, accidentelles ou non, qui auraient pu me valoir une sanction de la part de ce cher Comte... Heureusement qu'Oboe savait parfois tenir sa langue.

" - Avez-vous encore besoin de subvenir à des besoins naturels comme manger et dormir ? "

On va se limiter à ça comme besoins, pas la peine d'entrer dans d'autres détails. Et puis on avait tout le temps devant nous puisqu'ici, je pouvais contrôler le flux du temps. Certes, je ne pouvais pas l'accélérer, mais je pouvais le ralentir de sorte que dans le monde réel, il s'écoule moins de temps qu'ici.

Le savoir, donc... Elle à dit que son rôle dans la famille est assez restreinte. Le savoir, un fardeau? Comment? Je fus coupé de mes pensées par sa question suivante. Mes besoins naturels? Ça fait un moment que je ne les avais pas remis en question. Heureusement pour elle, j'ai par le passé obtenu une réponse.
-"Non. Je peux survivre sans manger où dormir...enfin..."
Je marquai une pause. Il va falloir détailler un peu plus.
"Je peux m'en sortir sans manger sans problème. La faim, malheureusement, m'affecte toujours. Je peux, comme vous, mourir de f-"
Oups, maladroit de ma part. Je me repris avant de continuer.
"Pas mourir. Je ne meurs plus, mais je peux être rongé par la faim, et survivre. En ce qui concerne le sommeil, je reste éveillé jusqu'à...on va dire, m'évanouir de fatigue, mais j'évite cela en général. C'est pas vraiment agréable de veiller jusqu'à ce que cela arrive..."
Alors, ma question...vu que je n'en ai pas, je vais reprendre sa suspension.
"Le savoir...est assez lourd à porter?"
Tout au long de mon dialogue, je restais penché, reposé sur le fauteuil. Depuis combien de temps ne me suis-je pas posé sur quelque chose d'aussi confortable, même si ce n'est qu'une illusion? Hm...depuis le trajet en 4*4 avec l'aimable chauffeur qui à fait la moitié du chemin jusqu'ici avec moi dans son véhicule? Non, ce n'était pas aussi relaxant.

Ce qu'il venait de dire était assez intéressant... Alors comme ça il pouvait toujours ressentir un manque en nourriture et en sommeil ? Ce serait assez simple de le torturer, non pas que j'en eusse l'envie, mais c'était juste bon à savoir au cas où... Assez ! J'en avais assez de ces pensées morbides qui me saisissaient sans crier gare ! L'Autre n'allait donc jamais fermer totalement sa grande bouche ? J'eus un léger froncement de sourcils, juste pendant une fraction de seconde, et j'osais espérer que mon invité n'eut rien remarqué. Sa question, cependant, me mit assez mal à l'aise : je n'aimais pas parler de mon pouvoir, cela me rappelais ce que j'étais au fond, et que plus jamais je ne pourrais goûter à l'existence douillette et peinarde d'une humaine normale - mais y avais-je seulement une fois goûté ? Je fis mine de réfléchir, ou plutôt je donnais l'impression de vouloir éviter sa question. Mais bon, vu que pour le moment il ne s'était pas une seul fois dérobé, je me devais de lui donner une réponse, certes, pas obligatoirement complète, mais une réponse tout de même.

" - Eh bien, oui, il est lourd dans le sens où il m'affecte psychologiquement et physiquement. Je suis l'une des rares Noah à continuer à vieillir, et je suis devenue schizophrène. "

J'avais dis cela comme s'il s'agissait d'une banalité. Pour moi, cela l'était, la plupart des Noah développaient une seconde personnalité, mais celle-ci n'était qu'un renforcement de leur sadisme originel. Pour moi par contre, c'était un changement digne du passage du jour à la nuit. Certes, il y avait quelques moments où les deux personnalités se mélangeaient, mais les pensées restaient distinctes.

" - Vous avez assez de chance car pour le moment je garde le contrôle sans difficulté. " avouai-je avec un sourire involontairement froid.

Je me ressaisis et rendis un peu de chaleur à mon sourire. Je portais à nouveau ma tasse de thé à mes lèvres et en pris une petite gorgée avant de continuer.

" - Vous êtes... dans cet état depuis combien de temps ? "

Elle m'annonça sa schizophrénie d'un naturel qui pourrait en effrayer plus d'un. Étrangement, je n'étais pas plus choqué que ça. En fait, c'est presque comme si je m'y attendais. Elle était restée, "docile" depuis le début, et il serait impossible qu'une Noah, qui vit dans une famille de tueurs, arrive à survivre en étant "docile". Elle définit la cause comme étant ses pouvoirs. Le savoirs, hein...
Sans s'y attarder, elle prononça ce qui ressemblait à une menace, mais pas entièrement, puisqu'elle repris son sourire. Moi, de la chance? Je suis en effet chanceux de parler depuis ce matin à plusieurs Noahs sans me faire tuer. C'est sûr que j'aurais moins de chance si un d'entre eux se serait pris à moi. Cela aurait été ma mort où "un peu" de radioactivité...
Elle me demanda ensuite depuis combien de temps je suis dans cet "état"...
Combien de temps, déjà? Je ne compte pas les jours, puisque je n'y vois pas d'intérêt, mais, cela doit bien faire approximativement...
-"Quatre ans, je pense."
Que demander ensuite? Je me remis un peu plus droit, pour regarder un peu la pièce.
"Qu'est-ce qu'un Noah fait pour faire passer le temps lorsqu'il n'est pas en mission et qu'il n'est pas invité à un jeu suspicieux?"
Je me demandais si de bonne idées pourraient m'aider. Non, ce n'est pas ça. En réalité, j'en avais, mais mais je voulais savoir comment un Noah passe son temps.

J'arquais un sourcil interrogateur. Il voulait connaître nos passe-temps ? A quoi cela pourrait-il lui servir ? On se comportait plutôt 'normalement' en dehors des missions. Bon, certes, certains de mes confrères avaient de drôles de manières de s'occuper, manières que je ne partageais en aucun cas, je répugnais à devoir torturer des gens, c'était salissant et désagréable niveau olfactif.

Je remarquais que mon sourire s'était légèrement figé malgré cette question tout à fait anodine. Ce n'était pas que cela me dérangeait, c'est juste que l'Autre avait ouvert les yeux... Ou plutôt, elle avait remarqué à quel point ce jeune homme immortel avait l'air d'avoir une chair tendre. Un frisson se coula dans mon dos, un autre passa dans ma nuque quelques secondes après, se divisa en deux et passa le long de chacun de mes bras. Mes mains tressaillirent un instant, faisant s'entrechoquer la tasse et sa soucoupe que je tenais encore. J'inspirai profondément, en espérant qu'il ne remarque pas mon soudain mal-être, et repris un peu de constance et d'assurance. Tiens-toi tranquille, l'Autre, je discute !

" - Eh bien, cela dépend encore de chacun. Personnellement, je lis beaucoup, je ne fais que ça. Ou bien je dois surveiller Road et les jumeaux, mais rien de bien méchant. En général, on est assez... disons 'doux' lorsque nous ne sommes pas sur le terrain. "

Doux ? Après coup, je me disais que ce n'était vraiment pas le terme qui convenait, mais j'avais pas trouvé mieux, alors il allait devoir s'en contenter.

Je clignais vivement des yeux, signe d'une soudaine fatigue. Il était pourtant hors de question que je la laisse sortir. Je voulais simplement me conduire comme une véritable humaine, au moins une fois dans ma vie.

* Véritable ? Idiote ! Regarde la vérité en face... Tu seras toujours un- *

" - Vulgaire monstre... " lâchai-je dans un murmure.

Je relevais les yeux et croisa le regard de Iori. Je ne pris pas l'air affolé des gens qui viennent de se rendre compte qu'ils ont parlé à voix haute, je savais que je pouvais retourner cette paroles en mon avantage.

" - Vous considérez-vous comme un vulgaire monstre ? "

Mon sourire avait disparu, mais je n'en conservai pas moins une expression curieuse digne d'une fillette de quatre ans qui découvre le monde. Dans un coin de ma tête, l'Autre me souffla que j'avais plutôt bien rattrapé le coup, et je ne savais pas si je devais accepter cela comme un compliment de sa part ou comme une sorte d'ironie au trente-sixième degré.

...Lire? Et du babysitting? Quel ennui...
Je ne fis pas attention à cacher ma déception dans la réponse, mais je jugeai que ce n'était pas si visible que cela. Avant qu'elle ne réponde, j'aurais juré percevoir un léger malaise chez elle...mon imagination?
Sa question ne fut pas des plus attendues. Moi, si je me considère comme un monstre? Je n'ai plus de questions à poser donc je vais la poser en répondant. Mon expression se raffermit, mais toujours restait-il un léger amusement marqué sur mon visage, dû au fait du "vulgaire monstre" prononcé juste avant, dont la question avait l'air de rattraper, mais est-ce aussi mon imagination? Curieux...
-"Pour vous, Abyssia, qu'est-ce qui vous prouve que vous êtes vivante, vous comme un autre être?"

J'eus un petit rire nerveux et je reposai prestement ma tasse sur la table, sachant que j'étais capable de la laisser tomber d'un moment à l'autre si je la conservai encore quelques minutes de plus dans mes mains. Un nouveau frisson s'agita sur mon échine, mais je n'y fis pas attention. Sa question m'avait fait l'effet d'un coup de poing en pleine tempe, j'étais sonnée et je balbutiais quelques paroles incompréhensibles. Je ne comprenais même plus ce que me racontais l'Autre, sa voix était superposée à celle plus grave d'un homme, et le mélange rendait tout inaudible.

Étais-je vivante ?

Je secouai vivement la tête, comme pour rassembler mes pensées et repris un sourire, épuisé et teinté d'une certaine tristesse que je ne parvenais pas à expliquer. Plus personne ne parlait dans ma tête - mais pour combien de temps ? - et je pu articuler ma réponse sans trop de problème.

" - Je n'ai pas dis que j'étais vivante. "

J'étais morte, à l'intérieur. J'étais juste une coquille vide, et c'était seulement maintenant que je m'en rendais compte. J'étais morte ! Je croyais que je pensais par moi-même, mais c'était faux, j'avais toujours été possédée par mon Noah, n'est-ce pas ? Et c'était cet humain, avec une simple question, qui me permettait de m'en rendre compte.

Le décor qui nous environnait sembla perdre en consistance l'espace d'un instant, les couleurs s'atténuèrent cependant et ne reprirent aucune vivacité. Moi aussi, je perdais de mon éclat. Mon visage s'était assombrit, et mon regard était abattu malgré le sourire qui persistait. Je sentis mes yeux me piquer et quelque chose d'humide coula le long de mes joues. J'avais lu quelque part qu'on appelait ça des larmes. Je m'en foutais de pleurer, j'étais morte...

Je relevais mes jambes contre mon torse, créant une sorte de distance avec mon interlocuteur, et je respirais assez difficilement, comme si un étau venait d'encercler ma poitrine.

" - Vous... Avez-vous déjà... Essayé de mettre fin à vos jours ? "

Je baissai un peu plus la tête afin de dissimuler les rivières qui s'écoulaient sans cesse de mes yeux. Je ne pouvais pas me monter aussi faible devant un humain, je ne pouvais pas...

Ma question semblait la perturber, ainsi hésitais-je à lui demander si elle allait bien, mais je ne le fis pas. Il est évident que non.
Elle arriva à se ressaisir pour reprendre son sourire et remettre en doute le fait qu'elle soit vivante. C'est vrai qu'elle ne l'à jamais dit. A aucun moment.
Je la dévisage en me demandant qu'est-ce qu'il lui arrive. Son visage s'assombrit avec les couleurs du décor, tandis qu'elle se recroqueville sur son siège. J'aperçus une larme. La question suivante marqua la cerise sur le gâteau sur le changement d'atmosphère, alors qu'elle tente de cacher son visage.
-"Qu'est ce qui prouve que quelqu'un être est vie..."
Je laissai une courte pause. Je vais donc enchaîner en répondant à sa question.
"La mort. On est vivant parce qu'on peut mourir. Si on n'est pas un être vivant, alors remettre en question notre humanité et passer pour des monstres paraît facile.
Si j'ai tenté de...me suicider?"
Je laisse une autre pause. Mon visage viens de s'assombrir sans que je ne m'en rende compte.
"Vous savez que mon corps, à toute perturbation dans son métabolisme, comme une blessure, revient à son état initial, avant ma mort..."
Je me ressaisis.
"C'est également le cas avec mon cerveau...j'oublie tout. Je me rappelle de tout jusqu'à il y à un an. Les trois années précédentes...perdues. Mais pour répondre à votre question, vu l'ennui que je cause cette régénération, bien sûr que j'ai essayé...mais c'est inutile pour moi. Je ne peux mourir. Je sens la douleur, par contre, et ce n'est jamais agréable...d'être au bord de la mort, surtout quand on se rend compte qu'on va échouer."

Je n'aurais pas dû continuer sur ce sujet, cette conversation sur la mort risquait d'attiser encore plus la véhémence de l'Autre. Et pourtant, ma tête restait silencieuse, comme le calme qui annonce une tempête. Je venais déjà d'en essuyer une de tempête ! Qu'on me laisse donc un peu de répit ! Je frottais instinctivement mes yeux et mes joues contre mon bras, et me dit au passage que j'étais bien contente de ne pas me maquiller comme une charrette volée, j'aurais très bien pu repeindre entièreté de mon bras. Puis je me concentrai sur la réponse de mon invité.

Alors comme ça il pouvait ressentir la douleur... C'était en quelque sorte bien dommage pour lui, mais il n'était pas un monstre car, pour moi, il était plus vivant que n'importe quel Noah. Nous, nous étions bien morts, et nous étions des monstres, sans nul doute possible. Lui, même s'il se régénérait, il suffirait de détruire ce qui le maintenait en vie, et cela ne m'étonnerait pas que ce soit de l'Innocence. Enfin, c'est ce que j'avais pu en déduire des propos de Tyki lorsqu'il a rencontré notre hôte : que la première fois qu'il l'avait vu, il traînait avec un exorciste qui contrôlait le temps. Je ne savais toujours pas par quel miracle cela avait permis de garder Iori "vivant", si l'on puis dire, mais cela avait bien fonctionné.

Je me forçais à relever la tête et à adresser un sourire plus vaillant à mon interlocuteur, mais j'eus le temps de voir que lui aussi avait eu une petite mine assombrie. Mais il finit par se reprendre et par compléter sa réponse. J'eus un petit serrement dans la poitrine, une petite douleur incompréhensible - je n'étais pourtant pas blessée ?! - que je dû mettre de côté avant de parler, sinon ma voix aurait bien à nouveau tressaillit.

" - Si je vais trop loin dans mes questions, je m'en excuse. Je n'ai nullement l'intention de vous causer quelque souci. Je voudrai simplement comprendre... "

J'avais murmuré ma dernière phrase, comme si je n'y croyais plus trop. Et je restais le regard braqué sur le jeune homme, mes grands yeux émeraudes encore un peu humides, semblables à deux pierres étincelantes perdues au milieu de mon visage très pâle. Qu'est-ce que je voulais comprendre ?

" - Normalement, ce n'est pas à mon tour de poser la question mais... Peut-être voudriez-vous faire une pause ? "

Je fis apparaître dans mes mains le petit carnet qui permettait de tout contrôler, une fois dans le monde des Souvenirs, et attendit patiemment une réponse de mon invité, toujours à moitié recroquevillée sur moi-même.

Sa réaction à ma réponse dévoilait un peu de gène, où de regret, je ne pourrais dire... J'espère que qu'elle n'est pas venue à me plaindre, moi qui n'aime pas vraiment attirer la pitié des autres.
Ce qui ressemblait à des excuses, précédé de l'effort fourni pour me me montrer un sourire, me redonnait une autre question. Elle me demande si je veux faire une pause. J'essaye me rendre mon expression un peu plus joyeuse, mais j'ai bien peur de ne pas y arriver aussi bien qu'elle...
-"Avant cela, pourquoi, tenez-vous à me comprendre? Sans vouloir vous offenser, je n'en suis ni réjoui, ni gêné, mais quel en serait votre profit?"
Ses yeux perçants et fixes me donne l'impression qu'elle me regarde...sans me regarder. Je regarde le bloc-note qu'elle m'a tendu.
devrais-je prendre une pause?

Mon sourire se fit plus naturel, comme s'il était évident que je veuille comprendre. Je finis par déplier mes longues jambes, reposant sans bruit mes pieds sur le sol, et remit prestement ma robe noire bien en place, celle-ci ayant découvert un peu trop largement mes cuisses blanches. Mon regard gardait malgré moi une certaine mélancolie, mais j'étais contente de réussir à cacher la peur que je ressentais, peur de subir une nouvelle crise, peur de devoir affronter la colère du Comte pour je ne sais quelle raison, peur de cette voix d'homme qui s'était superposée à celle de l'Autre...

" - Je suis le Savoir, il est dans ma nature de vouloir tout connaître sur tout. Je n'en tirerai aucun profit, ou alors seulement un profit personnel. " répondis-je plutôt gaiment, sans avoir le besoin de forcer ma voix.

J'ouvris mon carnet et pris en main le stylo qu'il contenait. La pointe restait immobile au dessus de la feuille blanche, comme indécise. Je reportais mon regard sur Iori, et avec toute mon attention cette fois. J'avais une soudaine envie, mais je me demandais si... J'inscrivis un seul et unique mot sur mon carnet, suivi d'un point d'interrogation "Nationalité ?". Quelques secondes plus tard, la réponse apparut lentement, comme si quelqu'un ayant déjà cherché dans les souvenirs du jeune homme, me répondait. "Anglais". Un gentleman quoi. Cela m'arrangeait.

" - Vous aimez la musique ? " demandais-je avec un grand sourire et un regard pétillant.

Pour moi, la musique représentait pas mal de choses. Quand j'étais dans ma phase 'inconsciente', celle qui suit la réincarnation du Savoir, j'avais passé mes journées entières à jouer du piano ou du violon, et je ne disais pas un mot, je parlais avec les notes, même si ça, aucun autre Noah ne l'avait compris. Enfin bref, il avait intérêt à aimer, ou alors je ne répondais plus de rien... Je plaisantais, bien sûr...

Elle veut savoir car c'est sa nature, donc? En temps normal, je ne me conterais jas d'une telle réponse, mais c'est une Noah après tout. La nature des Noah semble raisonner presque toutes leurs actions...
Je la vois écrire sur son bloc-notes, avec de me demander si j'aime la musique. Eh bien, oui, j'aime bien la musique. Écouter de la musique, voilà quelque chose que je peux faire un moment...mais allait-elle la piocher dans mes souvenirs? Qu'importe...
Au lieu de répondre, je me contente de hocher la tête, ne sachant trop que dire.

» Rassemblement suspicieux...