Retour au bercail [Pv. Gabriel]

Je poussais la lourde porte de l'Arche, et celle-ci découcha sur l'un des salons du Manoir Noah. Pour être plus précise, sur mon salon favoris. Ce dernier était en réalité une grande bibliothèque, très bien classée, et où presque personne ne s'arrêtait. Personne sauf moi en fait. Mais quelque part, je trouvais cet endroit frustrant. De part son aspect, il me rappelais les salles des souvenirs où je pouvais tout commander. Mais ici, pas de carnet ni de crayon qui me permettaient d'inventer un tout autre univers. Quelque part, tant mieux, sinon ce serait vraiment au beau bazar ici.

L'Arche se referma. Je m'avançais ensuite vers un rayon que j'appréciais et qui renfermaient divers contes et nouvelles fantastiques et à la limite du merveilleux. Entendez par là un merveilleux tout de même assez morbide. J'avais beau être une personne très douce de nature, je me plaisais volontiers à lire des histoires horribles, et qui, bien souvent, m'inspiraient lorsque je me retrouvais dans une mémoire.

Je pris donc un livre, après quoi je m'installais confortablement dans un des fauteuils. C'est-à-dire que j'ôtais mes chaussures - affin de ne pas salir le siège - et que je repliais mes jambes sous moi. Je calai ma tête sur mon poing, et mon coude sur l'accoudoir. Et je me mis à lire, tranquillement. Ainsi, j'oubliais les basses besognes que m'avait refilé le Comte, et la désagréable rencontre avec l'autre sadique... L'important, c'était que l'Autre avait pu s'amuser, et qu'elle allait certainement me laisser en paix pendant un petit moment. Que du bonheur quoi...

La première chose que je faisais toujours en rentrant, même d’une simple promenade de santé, c’étais de passer par la grande bibliothèque, qui se trouvait dans un des salons du Manoir. Oh, mais qu’allais-je chercher là-bas ? Et bien non, pas des livres d’horreur, comme certains doivent y avoir pensé. Moi, ce que je faisais c’étais classer les récits historiques. Car, dans ce salon, se trouvait aussi des bien ancien récits, encore écrient à la main. Mais moi, je ne classais pas les récits du genre de charlemagne, ou d’autres personnes comme ça. Ce que je classais c’était les récits de personnes comme Jack L’Eventreur. J’étais peu être le seul à l’avoir lu, étant donner que c’étais moi qu’il avait trouvé. Cependant, je fus obliger de la cacher dans la bibliothèque, parque que se livre était très vieux. Et, que ma chambre n’était pour toujours vide. Il y avait souvent deux, trois victimes humaines…

Je poussai la grande porte pour arriver dans la bibliothèque. Dans l’espoir qu’elle sois vide. En vain…

Je fis un léger bond en entendant la lourde porte de la bibliothèque s'ouvrir dans mon dos. Mais je ne pu détacher mes yeux de mon livre. Il avait été écrit mains, et racontait, sous forme de petite chansonnette, l'histoire de quatre 'Alice' successives qui se retrouvaient projetées dans un monde magique, mais d'où aucune ne ressortit vivante. Ça aussi, ça me renvoyait inconsciemment à mon pouvoir. Un jour, je pourrais peut-être avoir l'occasion de mettre en scène ce conte sanglant... Enfin, pas moi. C'était toujours l'Autre qui avait des tendances morbides, mais à force, je savais reconnaître quelque chose qui aurait pour but de l'inspirer.

Je tournais la page, et contempla la dernière phrase du court récit. 'Qui sera le prochain Alice ?'... J'eus un faible sourire. Qui sera la prochaine personne que j'entraînerais dans mon univers ? Un exorciste, ou un simple humain ? Bah ! Qu'importe ! Je secouai un peu la tête pour me remettre les idées en place et m'apprêtai à refermer mon livre. Je me stoppai. Mon instinct me dictait de ne pas trop me faire remarquer. Vu le début de nuit que je venais de passer, je me dis qu'il me valait mieux ne pas lui désobéir.

Je gardais donc mes yeux braqués sur la dernière phrase. En dessous d'elle se trouvait un petit lapin blanc face à un trou noir. Celui qui conduisait à l'autre monde.

Je regardai la jeune Noah tranquillement. Enfin, son dos. Mais voir sa chevelure m’avait clairement indiqué qui cela était. Je marchais pour arriver au petit compartiment secret où se cachait le livre de Jack. De Maître Jack. Car, au moment des meurtres, j’aidais Mr. Jack à plein de choses. Je le conseillais. Je brouillais les pistes aussi, auprès de la scène du crime et de la police. Cela avait été très marrant. Mais, malheureusement, les humains ne sont pas immortels ! Mr. Jack mourut de vieillesse. Moi, encore à ses ordres sur le moment. D’ailleurs, si je me souviens bien, son cadavre devait reposer dans ma chambre…

J’ouvris le tiroir, et j’en sortie le livre. Je n’avais toujours pas fini de classer les lettres, les photos et les descriptions. Je faisais ça par date, et je dois avouer que cela est divertissant. Je ne me laissais jamais de lire, ou de relire une lettre de Maître Jack.

Je ne devais pas me retourner, mais la curiosité se faisait de plus en plus forte. C'était mon pêché, en plus d'être l'apôtre du mauvais camp. Le pire, c'était d'avoir mon regard bloqué sur cette phrase et sur ce satané lapin ! Je voulais voir... Non ! Je ne devais pas. Je le pouvais, mais je ne le ferais pas. Ce ne serais pas sage.

Et je le fis quand même. Je jetai un oeil rapide par dessus mon épaule. Enfin, il aurait été rapide si je n'avais pas eu un sale serrement à la poitrine en reconnaissant la personne qui était là, bien qu'elle soit de dos. Pourquoi lui ? Oui, pourquoi ?! J'étais donc maudite ? Enfin, je savais que le Savoir était une malédiction à cause de sa double personnalité, mais de là à ce que ça se répercute sur la vie de tous les jours, j'étais pas d'accord !

Je me retournais donc sur mon livre, nerveuse. Heureusement qu'il n'avait pas l'air de faire attention à moi...

J’entendis que la jeune fille avait légèrement bougé de son fauteuil. Je ni fis guère plus attention, et je pris le livre dans mes mains.
Sans un bruit et assez rapidement, je m’assis à une table, non loin d’Abyssia. En fait, elle était juste en face de moi, maintenant. Je regardai distraitement la couverture du livre qu’elle lisait avant de caresser doucement celle de mon livre. Une couverture rouge sang.

Je l’ouvris avec d’infime précaution, et maintenant plus rien ne comptais à part le livre ouvert devant moi… Je lus et relus certaines lettres de Mr. Jack, revoyant la scène du meurtre aux moindres détailles. De l’intonation du cri de la suppliciée jusqu’à la direction du vent.
J’étais complètement aux anges~

Il ne donnait pas l'impression de vouloir s'intéresser à moi. Une chance ! Je me relevais doucement, pris mes chaussures d'une main et me déplaça sans bruit jusqu'à l'endroit où j'avais pris mon livre. Je le remis en place, toujours le plus silencieusement possible. Après quoi, je me dis que je ferais mieux de regagner gentiment ma chambre, de me poser sur mon lit et d'essayer, pour de bon cette fois, de ne plus repenser à cette soirée.

Je m'avançais donc vers la porte qui donnait sur le couloir principal, mes bottes à la main, mais alors que j'allais tourner la poignée, celle-ci bougea d'elle-même et je faillis me prendre la porte en pleine tête. Oboe était de l'autre côté et me jeta un regard courroucé.

" - Abyssia ! Tu devrais déjà être au lit ! " gronda-t-il d'une voix forte.

Mais il en ratait pas une lui ! Je m'accroupis et plaqua ma main sur sa bouche pour le faire taire. Et malgré ça, il trouvait quand même le moyen de baragouiner. Il ne se tut que lorsque je posais mon doigt sur ma bouche et que je lui montrais qui était aussi dans la pièce.

A l’entende du bruit, je relevai la tête et je soupirai. Pas moyen d’être tranquille ici, même dans une bibliothèque !
Cependant, peu de temps après j’étais déjà retourné dans le mon du meurtre. Dans le monde de Maître Jack…
Sans m’en rendre totalement compte, je me mis à lire à voix haute la lettre que j’avais sous les yeux.
Je ne le savais pas, mais ma voix n’avait surement jamais été aussi terne, sadique et lointaine :
«-Cher Patron,
J’ai entendu dire que la police cherchait à m’attraper mais ils ne l’ont pas encore fait. J’ai rigolé lorsque, se croyant intelligent, ils ont cru être sur la bonne piste. Cette blague sur Tablier de Cuir m’a fait piquer une crise.
Je suis sur le dis des putains et je ne m’arrêterais pas d’éventrer jusqu’à ce que vous m’ayez bouclé.
Le dernier boulot était un grand travail. Je n’ai pas laissé le temps à la dame de couiner. Comment pourraient-ils m’attraper maintenant. J’adore mon travail et je veux recommencer. Vous entendrez bientôt de nouveau parler de moi et de mes amusants petits jeux. J’ai gardé un peu de cette matière rouge de mon dernier travail dans une bouteille de bière amère pour vous écrire mais c’est devenu une sorte de glue épaisse et je ne peux l’utiliser. L’encre rouge vous conviendra j’espère, ha, ha. La prochaine fois, je couperais les oreilles de la dame et je les enverrai aux chefs de la police juste pour rigoler un peu. Gardez cette lettre jusqu’à ce que j’ai fais un peu plus de travail, ensuite vous pourrez l’utiliser comme il faut. Mon beau couteau est si affûté que je veux me mettre en travail de suite dès que j’aurai cette chance. Bonne Chance.

Sincèrement vôtre
Jack l’Eventreur

Ne vous souciez pas de mon nom de métier

PS : Je n’ai pas pu poster ceci avant de m’être débarrassé les mains de cette encore rouge. Pas de chance donc. Il me dit docteur à présent. Ha, ha.»

Il me dit docteur à présent… Oui, c’est vrai, je m’en souviens maintenant... Pendant un long moment, je l’ai appelle Docteur Jack…
Je relevai précipitamment la tête, relevant ma faute…

Je frémis, tout simplement. Car si je comprenais bien le sens de la lettre qu'il venait par malheur de réciter à voix intelligible, ce gars avait entretenu une relation amicale avec un autre taré, mais plus célèbre par contre : l'illustre Jack l’Éventreur. Le problème, enfin, ce qui me rendait encore plus mal à l'aise, c'était le 'Cher patron' du début... Ça voulait dire que c'était un lien beaucoup plus qu'amical qu'il y avait eu, et que le Noah qui se tenait devant moi l'avait aidé pour ses meurtres ?

D'ordinaire, je me serais senti prise de nausées, j'avais lu quelques livres qui retraçaient les meurtres de l'unique tueur en série que l'Angleterre avait connu, et les images que j'avais pu y voir me revenaient soudainement en mémoire. Mais là, une fois de plus, je me sentais très curieuse, et c'en était même étrange. Est-ce que l'Autre commençait à déteindre sur moi ? Peut-être bien, car normalement je ne me serais pas senti aussi attirée par quelque chose de cruel et de sanglant.

Peut-être était-ce le fait d'avoir le complice de Jack l’Éventreur devant mes yeux qui me rendait ainsi. Non pas que j’idolâtre cet homme et ses meurtres, mais dans les livres que j'avais lu, jamais je n'avais pu trouver le 'pourquoi' qui l'aurait poussé, un jour, à se mettre à évider des femmes. Je m'avançais doucement, quoiqu'un peu craintive, et ce malgré le fait qu'Oboe s'agrippe fermement à mon col pour me dire de reculer.

" - Ça vient... vraiment de lui ? " demandais-je en regardant le Noah.

-Ça vient... vraiment de lui ?

Je regardai la jeune Noah. Alors, comme ça, elle s’intéressait à Maître Jack ? Même si cette lettre m’étais destiner, je n’y avais jamais fais grandement attention.

Je répondis comme si je parlai d’une lettre que ma mère venait de m’envoyer :
-Oui. Il l’a vraiment écrite.

J’attendais sa réaction. Elle, qui n’étais pas sadique ou tortionnaire comme les autres Noahs, je ne pensais pas qu’elle s’y intéressait.

Je pris une expression un tantinet surprise, mais ma curiosité naturelle restait cependant la plus forte. Mes raisonnements étaient donc justes. Malgré ça, je ne ressenti aucun frisson cette fois. Oboe parvint à se libérer de mon étreinte et s'éloigna un peu en reculant. Il n'arrivait pas à me suivre cette fois, normal, je ne parvenais pas non plus à me comprendre moi-même.

Je remarquais alors que ce n'était pas qu'une simple lettre que le Noah tenait, mais un livre complet dont la couverture était d'un rouge rappelant fortement la couleur du sang.

" - Est-ce que vous savez pourquoi il faisait ça ? "

Ne sois pas si curieuse, me grondais-je mentalement. Mais je ne pouvais pas m'en empêcher.

Je soupirai. Je le savais pertinemment, mais en même temps, avant que je lui apprenne comment faire, Maître Jack était aussi doux qu’un agneau.

Cependant, je lui répondis :
-Docteur Jack avait été viré de la police par le préfet, et avait décidé de se venger de cette façon là. Et, en même temps, il était devenu fou…

Je regarda encore un peu le livre en quittant la petite Noah du regard.

-Une façon étrange de se venger, mais j'ai beaucoup aimer.

Je ne tins pas compte de sa dernière remarque qui aurait pu faire pâlir n'importe qui. J'avais ma réponse, et quelle réponse ! Même si, en me mettant à la place de l’Éventreur, j'aurais plutôt tué des femmes de bonne famille plutôt que de simples prostituées, ça aurait vraiment fait les pieds à la police ça, alors que la catin du coin qui se fait évider... Mais bon, malgré l'atrocité des crimes, on pouvait quand même y retrouver un certain esthétisme... Sûrement que ce souci d'harmonie venait du Noah.

Je pris alors conscience d'une chose : les humains n'étaient pas si différents de nous, Noahs. Après tout, nous avons tous été un jour humain, avant de nous éveiller. Je frissonnai. Cela ne faisait pas longtemps, comparé à mes confrères, que je m'étais éveillée... Est-ce que, avec le temps, j'allais finir par penser comme eux ? Mon regard s'assombrit un bref instant. Non, je ne voulais pas devenir comme ça, me dis-je en tournant légèrement les yeux vers l'autre Noah.

Quelque chose de doux se frotta vivement contre ma cheville. Oboe avait attiré mon attention, et me faisait signe de le suivre sans discuter. Je pris un air qui exprimait clairement mon refus et parti prendre un autre livre. Mais, face aux rangées pleines à craquées, je restais indécise. J'avais déjà lu tout ce qui avait un jour suscité ma curiosité, je commençais à être à court d'idées et d'envie de lire...

Je regardai encore la jeune Noah quelques secondes, avant de me retourner vers mon livre. Je pris la page a laquelle j’avais arrêté de trier, il n’y a pas plus tard qu’avant-hier.
Je pris la page qui contenait une lettre, plusieurs photos couleurs et un petit sachet contenant un liquide, qui, quelques années auparavant, devait être rouge. De sang.
Je le portai au dessus de ma tête, vers une lumière proche pour mieux voir.

Ne trouvant rien, je me tournais à nouveau vers le Noah. Mon regard se posa sur la petite pochette rougeâtre qu'il mettait entre une lumière et ses yeux. Je compris immédiatement la nature du liquide contenu quand le sachet. Mais je ne me sentais vraiment plus apeurée. Je me dis que c'était probablement dû au fait que j'avais volontairement laissé un peu de mou à ma seconde personnalité. Cela avait peut-être mélangé un peu nos caractères. Il n'empêche que je me sentais plus assurée face à ce Noah qu'il y a quelques heures. Néanmoins, le ton que j'employai pour poser ma question restait empreint de timidité.

" - Excusez-moi mais, est-ce que je pourrais vous aider à quelque chose ? "

Oh, j'en avais lu des livres sur l’Éventreur, mais jamais je n'avais pu être aussi proche du but et de l'explication de ses crimes. L'Autre avait été, fut un temps, passionnée par la manière dont il ôtait les organes de ses victimes. Moi, je restais tout bonnement curieuse. Cela se lisait facilement dans mes yeux, mais je ne cherchais pas non plus à le dissimuler.

-Excusez-moi mais, est-ce que je pourrais vous aider à quelque chose ?

Le ton que la jeune Noah avait utilisée montrait clairement sa timidité. Et sa curiosité. Je la regardai un instant. Je n'avais jamais réellement parler à quiconque de Maître Jack. Et la curiosité de cette petite était assez plaisante. De plus, elle semblait s’intéresser à Maître Jack, et si il y à quelque chose qu'il n'aimais pas, c'était laisser ces confrères dans le mystère. Enfin, il disait ça avant que je ne le forme au meurtre les plus sanglant et les plus beaux à voir.
Je soupirai avant de désigner la chaise à cotée de moi.

-Tu ne dois pas spécialement m'aider, mais j'ai cru comprendre que tu t’intéressait a Maître Jack. Tu peu toujours venir regarder...

J'hochai vivement la tête et un sourire perça sur mes lèvres, tout léger le sourire. Je ne pensais plus au petit différent qui avait bien failli se finir dans le sang un peu plus tôt, je voulais seulement voir quelle expérience enrichissante cela pourrait de connaître mieux Maître Jack, comme l'appelait l'autre Noah.

Je déposai mes bottes dans un coin, je me sentais plus à l'aise pieds nus, et me fis toute petite. Je me sentais un peu excitée à l'idée de pouvoir découvrir l'envers du décor d'une des plus sombres affaires policières d'Angleterre. Mais je me taisais, il avait dit que je pouvais regarder, c'était déjà bien.

Oboe regarda la scène sans rien dire, son unique oeil rouge me lançant des éclairs que j'ignorais. Il remit son noeud en place et sortit silencieusement. Sûrement une de ses nombreuses techniques pour m'inciter à faire ce qu'il m'ordonnait. Mais pour une fois que je sentais que je pouvais m'amuser un peu...

Je regardai la jeune Noah poser ces bottes et je retournai mon regard sur le livre rouge. Je déposa se que j'avais déjà trier sur le coté, près de la petite Noah pour qu'elle puisse lire à son aise.
Quand à moi, je pris une lettre que je retournai pour voir la date. Ensuite, je la classai mentalement. Pour après pouvoir le faire dans la livre, dans tout son ensemble. La pochette de sang appartenait à la première victime de Maître Jack. Mary Ann Nichols. Je m'en souvenais parfaitement bien... Elle était morte le 31 août, et elle a été très belle à voir. En tout cas, plus belle morte que vivante.

Je remarquai qu'il mettait à ma portée certains documents, et après une bonne minute de réflexion, je me dis que c'était à mon attention, pour m'instruire sans avoir besoin de parler. Tant mieux, de toute manière je n'avais pas non plus très envie d'être loquace en ce moment.

Je pris donc le premier document de la petite pile. Il s'agissait d'une lettre, écrite à l'encre rouge, signée et structurée comme celle que le Noah avait par mégarde lu à voix haute. Je m'imprégnais des mots, ceux-ci se logeant dans une partie de ma mémoire. La lettre décrivait l'une des scènes de meurtre et la manière dont il avait été commis, et mentalement, je me représentais le tout. Je ne savais pas à quoi pouvait ressembler le dénommé Jack, aussi le remplaçais-je mentalement par la personne la plus sadique que j'avais croisé ces derniers jours, autrement dit par le Noah juste à côté de moi.

Quant à la victime, je visualisai juste une femme lambda de l'époque. Mon regard se vida le temps que je puisse me représenter le déroulement du crime. J'eu un unique et bref pincement au ventre lorsque je le 'vis' évider sa victime, mais sinon, je me surpris moi-même d'être aussi calme malgré mes pensées.

Je regardai la jeune Noah s'imaginer des scènes, que je devinai être celles des meurtres. D'ailleurs, la lettre qu'elle avait en main était celle que Maître Jack m'avait envoyer, sous ma demande. j'avais assister a se meurtre. Mais j'avais le manie de mettre tous par écrit puis de classer. Cette fois là, j'avais demander à Maître Jack de le faire. Et il s'en était pas du tout mal sortie.
Je me souvient même ce que je lui avais dit, après avoir lu la lettre: "-Si je ne t'avais pas former à faire des meurtres, mais que j'avais lus une lettre pareil, je t'aurais dis de faire écrivain."

Ce fus seulement après que je me rendit compte que si cette lettre était si bien détailler, c'était uniquement parce que ce première meurtre l'avait marqué. Il avait marqué aussi sa folie, vu que c'en était le début.
Je fermai les yeux, et je lâchai la photo que je tenais en main pour me replongez dans mais souvenir sanglant.
Un petit sourire sadique à souhait naquit doucement sur mes lèvres...

Décidément, je restais bloquée sur cette lettre. La manière d'écrire était assez claire et précise, sans être trop crue. Il n'y avait pas encore les mêmes traces que la folie avait laissée sur celle que le Noah avait lu, ce qui rendait le texte beaucoup plus vivant, beaucoup plus doux aux yeux et à l'oreille. Et ce qui permettait également au lecteur de mieux ressentir tout ce qui était décrit.

Je notais cependant quelques petites insistances qui indiquaient qu'il manquait déjà une petite partie de sa raison à l'auteur, et que certaines répétitions laissaient suggérer à une lettre ordonnée. Je relus la lettre, une fois, deux fois, cinq fois, de plus en plus vite, si bien que je n'avais presque plus besoin de regarder ce qui était écrit. J'avais entre mes doigts un document historique et unique ! Et je le dévorais des yeux.

Je finis cependant par me lasser et par le reposer pour passer à autre chose. Un cliché d'une scène de crime. Le cadavre n'était pas recouvert, et même si c'était en noir et blanc, on voyait distinctement son visage crispé éternellement dans une expression de surprise et de douleur atroce. Son ventre était grandement mutilé.

Je rouvris les yeux lentement. Le bruit de papier m'avait réveiller totalement. Après quoi, je continuai mon travaille: prendre une lettre ou une photo, et la classer par date, mentalement.
Je laissai un moment mon regard voyager sur la pile que j'avais laisser à l'intention de la jeune Noah. Apparemment, elle avait fini de lire la première lettre, et venait de prendre une photo. Cette photo était très détailler. Ce n'était cependant pas la meilleure photo.

Je repris une autre lettre, je la classa, une autre photo, je la classa. Et ainsi de suite...

Je me balançais machinalement d'un pied à l'autre, je ne parvenais pas à rester en place malgré le fait que je voulais me faire le plus discrète possible. J'étais nerveuse à cause de l'importance et de la préciosité de ces documents. D'ailleurs, je finis par prendre ceux que le Noah avait laissé à mon attention et j'allais sagement m'installer en tailleur dans un fauteuil.

J'observais silencieusement chaque document avec beaucoup d'attention, laissant le temps à mon esprit, et surtout à ma mémoire, de s'imprégner de chaque détail. Plusieurs minutes s'écoulèrent, dans le plus grand des silences. Je remis chaque document dans l'ordre exact où je les avais eu et alla les reposer sur la table. Je n'avais plus de questions à présent que j'avais trouvé par moi-même toutes les réponses. Je savais que ce que j'avais eu entre les mains ne contenait pas toutes les données de l'affaire, mais c'était largement suffisant.

A pas lents, je retournai près d'une rangée de livres et en pris un qui datait de quelques années, tout au plus. Les Fleurs du Mal. J'avais la soudaine envie de lire les poèmes mélancolique que renfermait ce recueil. Je m'installais à nouveau dans le fauteuil et ouvris le livre au hasard.

Quand j'eu plus ou moins fini, ou, en tout cas, que je commençai doucement à m'en lasser. Je reposaimon regard sur la jeune Noah. Elle lisait un recuil... Et, même si jamais je ne l'ouverai, j'avais déjà plusieurs fois lus se livre...

Je commençais à lire la succession des quatre poèmes intitulés Spleen. J'avais ma préférence pour le dernier, mais j'attendais patiemment d'y arriver. Je me dis que, tout de même, leur auteur ne les avait pas écrit pour remonter le moral... Mais je me sentais bien en les lisant, peut-être même que j'arrivais un peu à m'y retrouver au détour de quelques rimes fort bien trouvées.

Mes paupières avaient du mal à rester ouvertes. C'était logique, il faisait déjà nuit depuis un bout de temps et que, au matin, je m'étais levée en même temps que l'aurore. Mais je voulais parvenir au bout du poème ! Alors je me forçais à continuer. Ma tête pencha dangereusement vers l'avant mais je me ressaisis juste à temps pour ne pas piquer du nez. Je m'appuyais sur mon coude et laissais mes yeux courir sur les lignes.

Finalement, j'en arrivais à la fin. Mes lèvres remuèrent comme pour prononcer les derniers vers, mais aucun son ne sortit de ma bouche entrouverte. Et je finis par me laisser gagner sur le sommeil, bêtement il faut l'avouer, avec pour dernière image celle d'un drapeau noir planté dans un crâne.

» Ah Londres, enfin.... [P.V: Gabriel]
» Commentaires pour Gabriel
» Un Noah prisonnier !(pv Gabriel!)
» Gabriel, Noah~ [Validé par Abyssia]
» Paris et ses rencontres... [PV. Shiry & Gabriel]